Spectacle de danse contemporaine dans les rues de Neussargues : pari gonflé, pari tenu
En accueillant Didier Théron et sa compagnie de danse contemporaine, la programmatrice culturelle de Hautes-Terres communauté a voulu bousculer les codes et interpeller le public. Pari osé, pari tenu.
Sacrée performance pour ces quatre danseurs de la compagnie Didier Théron de déambuler dans les rues de Neussargues, à la rencontre de la population. Debouts, assis, accroupis, en roulade, à l’envers, sur les murs, sur les capots des voitures, dans les commerces, suspendus, en équilibre… Sami, Joan, Roméo et Thomas ne s’étaient fixé aucune limite vendredi après-midi, dans leurs énormes costumes de latex. L’objectif?? Pour Ghyslaine Pradel, maire de la commune, c’était de « capter les publics de Neussargues dans leur quotidien ». Pour Vanessa, programmatrice de la saison culturelle de Hautes-terres Communauté, il s’agissait de « proposer un spectacle abordable, qui interpelle les gens ».
Le pari était gonflé mais il a été tenu. Il faut dire que les quatre danseurs ont su « déranger » les habitants dans leur propre environnement, comme le souhaitait leur chorégraphe, Didier Théron, toujours avec bienveillance. Ils ont manié, pendant plus d’une heure, l’autodérision et le loufoque, l’absurde et le burlesque et utilisé les espaces, le mobilier urbain, l’architecture, les spectateurs même, avec humour. Les danseurs contemporains ont ainsi pris possession de la ville, dans leurs corps déformés et gonflés à bloc, à la manière d’une chambre à air. Et le public s’est bien prêté au jeu. Que ce soit à l’école, à la pharmacie, chez le coiffeur, à la boulangerie, au café, à la maison de retraite ou sur la route…Les Gonflés n'ont pas hésité à rentrer dans les commerces.
Les enfants, qui ont suivi ces drôles de personnages colorés, tout au long de leur déambulation, essayant toujours de les toucher et de jouer avec eux, ont particulièrement apprécié le spectacle. « Ils sont trop forts », criaient les uns?; « c’est trop rigolo », clamaient les autres?; « et en plus, ils font des exploits sportifs », ajoutait un autre… Il est vrai que monter sur des murs, ramper sur la route ou se suspendre à une grille ne leur faisaient pas peur. « Ils sont intrépides », affirmait même Didier Théron qui leur donnait discrètement des indications tout au long du parcours. Car si tout ce spectacle semblait improvisé, il ne l’était pas totalement. Les pas, les chorégraphies, les danses, les sauts, les mouvements et autres gesticulations avaient été inlassablement répétés. Les Gonflés n’avaient qu’à s’adapter aux lieux qu’ils arpentaient.
« Je voulais déformer les corps » : c’est avec ce parti pris que Didier Théron a créé ce spectacle en 2012 et l’a présenté dans le monde entier. « C’est une façon de véhiculer la danse tout terrain, dans l’espace public, explique le chorégraphe. De prendre la liberté à la ville et de la partager avec tout le monde, partout ».
Isabelle Barnérias