GONFLES/Vehicles - LA GRANDE PHRASE

Création 2013 ZAT Montpellier
Reçoit le Grand Prix de la Triennale de Setouchi 2013

Quelques mots sur les trois pièces de danse de GONFLES/Véhicules , et leur résonance dans l’espace public.

Les figures de la pièce GONFLES / Vehicles sont gonflées d’air. L’air dans ces structures en latex est le moteur de cette création : c’est l’air qui génère formes et déformations, énergie et dynamique. L’air est aussi créateur d’un nouveau lien entre le danseur, l’espace, le public, l’architecture, la ville, les voies traversées, la vie dans l’espace public s’agite et s’anime par lui. L’air fait du danseur un signe, un symbole, jamais univoque comme je l’explique plus loin dans ces notes. Le jeu entre l’air et le danseur « augmenté » confère une valeur cosmique à ces figures, qui sont « hors-norme », accessibles à tous comme symboles universels.

Avec ce processus comme point de départ, les trois chorégraphies différentes colorent le projet de trois manières différentes.

Les pièces AIR (Kawai pink Japan) et SACRE (Solemn black) sont des pièces chorégraphiées et écrites nécessitant des espaces de représentation que Didier Théron choisit à l’aide d’images ou de vidéos. Ces deux chorégraphies confèrent une nouvelle perception aux figures gonflées, qui – malgré leur aspect « hors norme » – peuvent être graves, solennelles et sérieuses, avec une précision et une légèreté contrastant avec leur volume. Leur présence évoque peut-être des personnages sacrés d’un autre âge. Cette référence est présente dans le concept même du projet et des structures gonflées (Donald Becker et Didier Théron), avec leur référence explicite à Oskar Schlemmer et à son intérêt pour les cultures anciennes et leur importance symbolique et universelle.

Les formes gonflées rappellent beaucoup la « Vénus paléolithique » de l'époque quaternaire, ainsi que les figures gravées sur les menhirs du musée Fenaille de Rodez. Mais elles évoquent aussi Totoro, le personnage de Miyazaki : évidemment, GONFLES / Vehicles a à voir avec le sacré.

Ces liens multiples sont ressentis par des publics variés, surpris et médusés par la vision et le cheminement de ces figures : on éprouve une empathie générale, et chacun d'entre nous peut trouver sa propre référence et son propre lien à ces visions.

« La Grande Phrase » commence par une chorégraphie écrite et se déploie dans la ville. Le jour de la représentation, Didier Théron, les danseurs et l’équipe du Festival décident du parcours et de l’espace que la danse va emprunter. Les danseurs de « GONFLES » deviennent comme des signes dans la ville : différentes situations spatiales sont exposées, les espaces en hauteur sont privilégiés. Notre équipe maîtrise parfaitement les espaces en hauteur, mais aussi les très grands espaces (500 mètres et plus), nous prenons en compte toutes les possibilités et occupons tous les espaces architecturaux et urbains possibles. Nous utilisons et occupons ainsi l’espace de manière « hors norme ».

Nous développons aussi des interactions au sein de l’espace « propre » au public : les GONFLES s’autorisent à occuper toutes sortes d’espaces privés ou publics – intrusions dans l’espace du public, approches très proches du public… permettent de nouvelles manières de jouer et de performer. Mais les actions se déroulent aussi dans des magasins, des voitures, des balcons accessibles, des cafés… Ces espaces deviennent les théâtres de micro-événements chorégraphiques. On trouve ici des manières d’occuper des petits espaces contraints.

On retrouve ici un jeu avec l’espace et la proximité et ces créatures « hors normes ». Un « bouleversement » ludique et étrange s’opère, remettant ainsi en question le corps agissant et dansant.

Nous espérons que ces éléments vous aideront à mieux comprendre le GONFLES / Véhicule, ainsi que son point de départ.