• SHANGHAI BOLÉRO

Didier Theron, 59 ans, chorégraphe de la mixité

Type de presse: 
Régionale
Date de publication: 
28/04/2016

Didier Théron, 59 ans, chorégraphe de la mixité

Un événement: le chorégraphe montpelliérain Didier Théron a, mardi 26 avril, fait partie de la délégation française invitée à l’Elysée lors de la réception donnée à l’occasion de la venue à Paris du gouverneur général d’Australie. Pourquoi cet honneur? Simplement parce qu’il a la conte dans le Pacifique, en Australie et aussi au Japon. Il est même plus reconnu là-bas qu’ici. Et portant, comme il l’annonce, « je suis un pur produit local ». Un homme dont l’œuvre est marquée depuis longtemps par son intérêt pour la mixité sociale.

Deuxième d’une fratrie qui compte quatre enfants, il est le fils d’un couple de Tarnais venus travailler à Béziers. Installé dans une HLM, le chorégraphe est marqué à vie par la condition ouvrière. « Mon père, aujourd’hui décédé, travaillait à l’usine Cameron, une entreprise américaine (1), se souvient Didier Théron. Sa réputation mondiale faisait la fierté de mon paternel, qui travaillait beaucoup.»

Sa mère, toujours en vie, s’occupe quant à elle du foyer. Elle développe des talents de couturière, et ses gestes ont été une source d’inspiration. « Je crée des pièces chorégraphiques, comme elle confectionnait des pièces de tissu. » Pourtant, le chemin vers la danse n’est pas évident pour Didier Théron. Ses parents veulent qu’il suive des études pour enseigner. Il les commence à Montpellier, mais ne les termine pas. 

Autodidacte. « J’ai bifurqué, au grand dam de ma famille. » Cependant, il n’aborde pas la danse de manière académique, mais en autodidacte. Il s’émerveille de la liberté du mouvements proposé par l’Américain Merce Cunningham, dont il suit les cours, dans les années 1988-1989. « Je pense que je suis venu à la danse parce qu’elle me permettait de m’exprimer sans les mots. J’ai pris la parole qui m’était interdite dans la cellule familiale. Certains sujets étaient tabous. »

En 1987, Didier Théron fonde sa compagnie et chorégraphie sa première pièce, Les Partisans, qui se veut vindicative. Pour l’artiste, elle permet de traduire, de manière physique, une résistance sociale. Les Partisans lui vaut le 1er Prix chorégraphique à Avignon, remis par un autre Montpelliérain : Dominique Bagouet. Avec l’appui de Georges Frêche, il s’installe à la Paillade la même année, dans un lieu pérenne, pour créer, mais aussi échanger avec les habitants. Il investit l’actuel espace Bernard-Glandier en 2004.

République. « Le travail avec les enfants est primordial, et encore plus depuis l’attentat à Charlie», revendique Didier Théron. « Quand j’ai lancé mon association Allons z’enfants en 1987, je voulais créer de la mixité et c’est toujours mon combat. Nous sommes tous des enfants de la République et il faut lutter contre la mise en ghetto de la Paillade. » Au programme : ateliers avec la compagnie, visites au musée Fabre ou au Carée d’Art de Nîmes….

Mais si Didier Théron s’investit à Montpellier, ses créations sont surtout reconnues à l’étranger (Harakiri en 2008, Gonflés en 2009, Shanghai Boléro à l’expo universelle en 2010). Depuis 1993, elles lui ont permis une rencontre majeure dans sa vie : le Japon. Aujourd’hui marié à une japonaise, Didier Théron est le papa d’une petite Emma, 21 mois. Il poursuit actuellement ses pièces, notamment sa série des Gonflés, dont le dernier module sera créé en juin (2). D’autres projets devraient voir le jour, l’un inspiré par les Première Guerre mondiale, qui a marqué la famille de Didier Théron. Il avait déjà conçu 14 et Les Fantômes (2014), mais il lui reste beaucoup à dire et donc à danser.

Cécile Guyez